Dans mon essai « L’art de rester zen face aux crises sociétales » écrit en janvier 2019, j’ai invité les lecteurs à regarder le phénomène Trump et le mouvement des Gilets Jaunes comme opportunité de se regarder soi-même. La question principale était : qu’est-ce que les évènements aux Etats-Unis et en France ont à voir avec moi ? Un an plus tard, les deux premiers défis étant loin d’être résolus – ils sont toutefois en évolution -, notre société fait face à un nouveau challenge, le Covid-19.
Que ce soit un système politique ou un mouvement sociétal, les deux nous permettent de prétendre qu’ils n’ont rien à voir avec nous. Nous avions bien vu que c’est faux, mais la distance émotionnelle ou spatiale par rapport à un sujet nous donne un prétexte pour ne pas le regarder. Par contre, en cas d’un conflit dans une relation personnelle, prendre ses distances est beaucoup plus difficile. Face à un virus, l’affaire devient encore autre chose : L’échelle d’impact est beaucoup plus importante puisqu’elle touche l’humanité et cela devient une histoire existentialiste.
Un virus ne connaît pas de frontière, ni de limites. Il est hors contrôle, à moins qu’on n’ait un vaccin. Puisqu’il est invisible, sa représentation reste floue et nous rend impuissant. Par conséquent, la peur s’installe.
Crier du pupitre « N’ayez pas peur, tout est sous contrôle ! », ne sert à rien tant que ces paroles ne sont pas en cohérence avec notre expérience de peur qui est une émotion réelle. Nous voilà à une jonction de contradiction. Alors que le mental cherche à séduire la réalité par le raisonnement, le moi le plus profond est emmené à regarder ma mortalité droit dans les yeux.
L’homme fait partie de la toile de l’existence qui inclut toute forme de vivant dont la nature est cyclique et dualiste. Par contre, l’homme lui-même se croit supérieur à toute autre existence ; il se croit immortel et indestructible. Un petit virus, peut-il donc blesser cette « bestiole homme » qui est devenu le prédateur le plus dominant ?
Dans notre société, la mort reste un sujet tabou. Cet état de fait nous aide à continuer à ignorer notre vraie nature à travers laquelle notre expérience se crée. Nous continuons à participer dans le spectacle de ce monde profane sans ou avec peu de considération pour la vie sacrée et divine. La participation de chaque individu à cette mise en scène s’accumule à l’échelle collective et rend ainsi tous phénomènes quelconque de plus en plus puissants. Cela peut aller jusqu’au point où le phénomène lui-même devient contagieux. Dans le cas du Covid-19, le virus nous menace, mais la panique collective nous pourrit la vie. Si la manipulation d’un organisme externe – gouvernement, églises, autres institutions, groupes et initiatives – se rajoute à la peur collective, l’élan des deux devient inexorable.
Le troisième Reich avec la naissance du pouvoir Nazi nous a démontré douloureusement cette vérité. La manipulation d’un collectif se passe à travers des messages de propagande qui répondent d’une manière très simple aux peurs du peuple et, par conséquent, les renforcent. Cette propagande aspire les individus, un par un, petit à petit, dans cette énergie collective et destructrice. La panique qui monte autour du Covid-19 est de la même nature, sauf que celle-ci se propage le plus part du temps à travers les réseaux sociaux et les médias. Rappelons-nous que la panique crée du stress et que tout excès de stress affaiblit notre système immunitaire !
Dans un monde dualiste, il y a toujours une chance face à une menace : alors que l’existence de ce virus immobilise en partie notre société, il nous donne la chance de nous poser et d’arrêter à tourner dans la roue de hamster dont la vitesse s’accélère sans cesse. C’est le moment de regarder à l’intérieur de soi, de se connecter l’un à l’autre. Réfléchissons sur nos vraies valeurs et sur ce qui compte vraiment ! Au pire, il y a un prix financier à payer, mais pensons à ce que nous pourrions y gagner en justesse et connectivité !
Pour ceux qui ont disparus, le virus était là pour faciliter leur grand passage puisque chaque âme suit son propre rythme. Vu de plus haut, c’était l’heure de partir pour eux bien que se soit éventuellement incompréhensible pour les proches pour qui la perte est douloureuse. Pour apprécier ce rythme de vie et de mort, il faut connaître sa vraie nature. C’est par le ralenti, le repli et le silence, que nous allons redécouvrir qui nous sommes vraiment et d’où vient notre véritable force. Cette force réside dans le coeur en connexion avec le divin. Il ne faut que l’activer et l’emmener vers les autres.
La vraie crise de notre société n’est pas le virus, ni Trump ni les Gilets Jaunes. La vraie crise est une crise de conscience.
Toulouse, 08/03/2020